Le burn-out : une promesse déçue ou un révélateur…
Décrit par Christine Maslach, le burn out ou syndrome d’épuisement professionnel se caractérise par un épuisement physique et psychologique, une perte du sentiment d’accomplissement personnel, et une dépersonnalisation ou désintérêt vis-à-vis des personnes pouvant aller jusqu’au cynisme.
De nos jours ce fameux « burn out » s’invite dans toutes les conversations et semble n’épargner personne : il concerne aussi bien le cadre ne comptant plus ses heures de télétravail, que l’infirmière luttant depuis des mois contre le Covid 19 sans possibilité de repos. Il n’est pas réservé au monde du travail : il atteint aussi la mère de famille nombreuse constamment sollicitée en absence de son conjoint, ou le quinquagénaire passant ses soirées et ses week ends à jongler entre soutien de ses enfants étudiants et soin à ses parents âgés.
Si les déterminants professionnels ont été bien décrits (1), le burn out survient à la jonction de la structure et de l’histoire, révélant ainsi « la faille de la personne ». De fait, ce sont les personnes très investies -au travail comme dans la vie personnelle, qui s’effondrent : elles mettent en effet beaucoup d’elles-mêmes dans ce qu’elles font, la profondeur de la souffrance révélant la hauteur des enjeux, comme une prise de risque qui aurait mal tourné. C’est pourquoi, au lieu de se focaliser sur « pourquoi elles craquent », il est intéressant de leur demander « qu’est ce qui les fait tenir ». Certaines disent « le moteur » est cassé : mais comment fonctionne-t-il ce moteur désormais grippé ?
Souvent le passé ressurgit alors, avec ses aléas et ses blessures, « Mes parents étaient commerçants, je me souviens d’un ballotage permanent d’une nounou à l’autre… Alors j’ai décidé d’être mère au foyer et de soutenir mon conjoint chef d’entreprise… Mais je n’en peux plus, jamais un instant pour moi, tout est en permanence à recommencer ».
« J’ai passé des heures sur ce chantier ferroviaire à essayer de concilier tant bien que mal production et respect de la sécurité. Alors les pénalités de retard, cela m’a achevé. Et il y a toujours au fond de moi cette petite phrase que mon père me répétait sans arrêt lorsque j’étais lycéen : quand on veut, on peut ».
Ainsi, avec l’expérience du « jamais terminé, toujours à faire », le burn out met en lumière l’écart entre la réalité vécue, et les rêves, très personnels, que chacun porte au fond de soi. Des rêves intimes, des désirs illimités, par essence jamais satisfaits. Comment se saisir alors de l’opportunité de cette crise pour que la personne épuisée découvre ce qui l’anime, la met en mouvement … et commence à prendre soin d’elle ?
(1) Indicateurs provisoires de facteurs de risque psycho sociaux au travail, Michel Gollac, 2009, DARES/DREES
2 COMMENTS
Ce site est vraiment très intéressant, et propose de véritables textes. Ça fait plaisir de parcourir ces articles.
L’équilibre vie travail est un des plus gros enjeux à venir. Et je pense que cela va devenir un sujet de plus en plus important dans les années qui viennent. Bravo !
L’articulation de facteurs externes et internes est bien pensée….