Voici deux petites histoires entendues en conseil conjugal : elles éclairent la place du travail comme « espace de liberté » dans le couple.

David et Sophie (1) viennent consulter et évoquent d’emblée le métier exercé par Sophie : celle-ci travaille comme assistante maternelle.  Ce n’était pas sa formation initiale, mais elle a choisi cette activité pour être davantage disponible à la maison : elle s’occupe ainsi de ses deux enfants âgés de 8 et 5 ans, tout en accueillant deux nourrissons. Entre les trajets à l’école, la préparation des repas, les sorties au parc, les soins aux petits, les journées passent vite ; le soir, Sophie se sent bien fatiguée, elle n’a pas très envie de veiller longuement avec David. A la maison, des jouets trainent un peu partout, la chambre conjugale compte plusieurs petits lits pour la sieste des enfants. Cela agace beaucoup David, qui ne se sent plus « chez lui ».  David et Sophie peinent à se retrouver et cette situation dure, au point qu’une séparation est envisagée. David déclare ainsi à Sophie « il ne m’est plus possible de vivre avec une femme qui est uniquement une mère ».

Christine et Jean-Marc (2) expliquent qu’ils ont des difficultés à communiquer. Jean-Marc parle peu, a surtout besoin d’activités pour se détendre le soir après des journées professionnelles bien chargées. De façon assez classique, plus Christine le sollicite et lui pose des questions, plus Jean-Marc s’enferme dans le mutisme. Un sujet de discussion semble favoriser ce comportement répétitif : c’est le travail de Jean-Marc.

Christine comprend en effet qu’il souhaite créer une entreprise : elle soupçonne que certaines démarches ont été commencées, elle avoue avoir parfois envie de regarder « en douce » la messagerie de son conjoint. En entretien, Jean-Marc réalise peu à peu les inquiétudes de Christine et sa tristesse de ne pas être associée à son projet : il parvient à partager quelques informations, sans « tout » lui dire. Rassurée, Christine retrouve le sourire, elle lui propose même son aide professionnelle pour la comptabilité.

Ainsi, la posture de maman (ici exercée comme un « métier ») peut entraver la dynamique de séduction qui a besoin d’une certaine distance entre les conjoints. A l’opposé, ne rien connaître de ce qui vit l’autre « à l’extérieur » peut être source de mésentente, éventuellement de jalousie.

Trop proches, trop loin : entre paroles à partager et jardin secret à conserver, comment l’activité professionnelle peut-elle relancer le mouvement du désir entre homme et femme ?

(1) (2) Les prénoms ont été modifiés