Crise au travail et nostalgie
En tant que conducteur de travaux, Jean-Marc (1) organise les différentes étapes de la construction de maisons individuelles. Il se sent heureux lorsqu’il peut proposer à ses clients des biens correspondant parfaitement à leurs attentes, la « maison de leurs rêves ». Mais depuis quelques mois, la pression sur les chiffres devient telle qu’il doit aller de plus en plus vite. Lorsqu’il s’imagine à la place de ses clients, il réalise qu’il n’aurait plus envie d’emménager dans une de ces (ses ?) maisons : trop de malfaçons, d’imprécision. Manifestement c’est très douloureux pour lui.
Jean-Marc explique qu’il a grandi dans la ferme de son père, héritée de son grand père. Il évoque avec plaisir de nombreux souvenirs : les parties de cache-cache avec ses cousins dans les multiples recoins de la grande maison, le vécu d’intense liberté, seul, dans la nature … A la mort de son grand père, la succession fut houleuse et c’est finalement son oncle qui a repris l’exploitation. Grâce à son récit, ponctué d’émotions inattendues, Jean-Marc comprend pourquoi il s’est dépensé au travail sans compter ses heures. Un rêve secret l’habite depuis son enfance : gagner assez d’argent pour pouvoir faire construire sa maison sur le petit terrain conservé par sa famille. Et retrouver, peut-être, cette insouciance et cette liberté perdues, qu’il partagerait avec son épouse et ses deux enfants.
Une crise au travail se révèle souvent une opportunité pour découvrir ses motivations et se réorienter : et vous, quel lien percevez-vous entre votre activité professionnelle présente, et votre histoire ? Quelle nostalgie vous habite lorsque vous partez travailler ?
- Le prénom a été modifié
- Crise au travail et souffrance personnelle, Isabelle Méténier, Albin Michel, 2010