Le burn-out: entre perfectionnisme et qualité impossible
« Je travaillais tous les soirs après dîner ; en absence de chef j’ai occupé deux postes mais je n’ai pas pu atteindre mes objectifs. Aujourd’hui, je ne peux plus y retourner ». Voici comment s’expriment des personnes traversant un burn-out. A ces paroles s’associent initialement un sentiment d’échec, voire de honte.
J’avoue me sentir souvent admirative face aux qualités déployées par ces personnes pour tenir coûte que coûte dans un environnement de travail délétère.
En même temps, cet excès de centration sur une prétendue incapacité personnelle pose question.
En effet, à l’écoute de leurs récits singuliers, des déterminants déjà bien documentés émergent (1) : équipes en sous-effectif chronique, management de proximité absent ou dans l’hyper contrôle, délais de production incompatibles avec un travail de qualité, reportings de plus en plus fréquents, procédures irréalistes mais dont le respect conditionne néanmoins l’évaluation individualisée des performances….
Pourtant, les principes généraux de prévention (2) rappellent qu’il faut adapter le travail à l’homme, et non l’inverse.
Notre monde du travail reposerait il de façon tacite sur l’engagement excessif des professionnels, palliant ainsi les carences de l’organisation, et au risque d’y laisser leur santé ?
« Le burn-out est une pathologie du perfectionnisme dans une époque qui n’offre que les conditions d’un vite fait mal fait recouvert d’un voile mensonger de qualité », préface de Pascale Molinier dans « Réussir son burn-out, récits de résistantes » Corinne le bars, Erès, 2022
(1) Les risques psychosociaux au travail, les indicateurs disponibles, DARES, 2010
(2) Article L4121-2 du Code du Travail