Qu’est ce qu’on va manger ce soir ?
J’ai eu la joie d’accueillir mon fils étudiant lors de ses congés, et tout en cuisinant ses plats préférés, nous nous remémorions une anecdote amusante. Lorsqu’il était encore écolier, ses premiers mots sur le chemin du retour à la maison exprimaient sa préoccupation dumoment : « Maman, qu’est-ce qu’on va manger ce soir ? » Un jour, irritée, je lui avais répondu : « Mais tu ne m’as même pas dit bonjour… » Le lendemain, j’ai entendu un « Bonjour » très rapide, puis ces paroles : « Au fait, je vais te poser une question, je ne voudrais pas que cela t’énerve, mais quand même, j’ai très envie de savoir… Qu’est-ce qu’on va manger ce soir, … et au creux de l’oreille : tu pourrais peut-être afficher les menus de la semaine, comme ça je ne te demanderais pas ? »
Au travers de cet échange banal, je crois que mon enfant me demandait surtout comment je comptais prendre soin de lui.
Ainsi, aimer son tout petit, c’est d’abord le nourrir, pour qu’il puisse vivre et grandir. C’est aussi l’accompagner sur le chemin de l’autonomie, en traversant différentes étapes :
– Allaitement, au sein ou au biberon, puis sevrage
– Découverte des premiers aliments solides, et de la capacité à manger seul
– Repas pris à la cantine, tout en conservant dans son cartable le goûter soigneusement préparé
– Premières recettes réalisées de façon autonome
– Repas et sorties entre amis
– Retrouvailles autour de la table familiale élargie,
– Nouvelles habitudes culinaires nées de la rencontre du conjoint et de sa culture …
Malheureusement, l’assimilation de ces nourritures réelles ou « affectives » ne va pas toujours de soi (1).
En creux, cela révèle combien nourrir et se nourrir est avant tout une histoire de lien (2).
Savourons nos relations !
- Les nourritures affectives, Boris Cyrulnik, 2020, Odile Jacob poches
- Le restaurant de l’amour retrouvé, Ogawa Ito, 2015, Picquier Poche