Des traces fines et patientes
En accompagnement, les personnes viennent raconter leurs difficultés, des histoires de vie encombrées de problèmes. Parfois envahissantes, ces histoires de problèmes risquent de prendre toute la place et de masquer la personne véritable cachée derrière ses plaintes.
Dans les pratiques narratives, nous sommes invités à d’aller débusquer des fines traces d’histoires alternatives.
On les repère grâce à des mots dissimulés dans le discours : presque, sauf, …. Ces motsfont entendreune dissonance.
Un questionnement influent incite alors la personne à en dire plus : « non « Douleur » n’est pas toujours là, « Conflit » ne surgit pas dans certains circonstances … D’ailleurs, je me souviens de ce moment particulier où … je vais vous raconter … »
Le récit fait apparaître de la nouveauté, comme on découvre un dessin en reliant des points dispersés qui ne représentaient rien auparavant.
Cette nouveauté suscite l’étonnement, et la joie de la personne.
Jusqu’à l’éblouissement, parfois, face à la beauté révélée de sa propre existence.
Cela me fait penser à l’art du kintsugi (1), une méthode japonaise de réparation des porcelaines ou céramiques au moyen de laque saupoudrée de poudre d’ or.
Comme Simon dans le roman de Jeanne Benameur (2) : « Accepter de considérer chaque éclat patiemment, de le suivre comme le doigt suit la courbe de chaque brisure, c’est une chance de retrouver peut-être la beauté de son propre cœur. »
(1) Wikipédia
(2) La patience des traces, Jeanne Benameur. Actes Sud, 2022.