Une bonne odeur de rencontre
Une dizaine de minutes de marche est nécessaire pour atteindre mon lieu de travail, le matin, après avoir quitté le métro.
Durant ce temps de transition, les pensées défilent dans ma tête, colorées par ce qui m’attend ce jour-là : espoirs, lassitude, impatience … Pour éviter que l’anticipation ne devienne trop anxieuse, j’essaye de me connecter au présent (1), en me montrant attentive à mes cinq sens, successivement : le toucher d’abord (poids de mes vêtements, des chaussures heurtant le trottoir), puis l’ouïe (bruits de la circulation, conversations des écoliers, tiens ! un oiseau qui chante), enfin la vue (devantures changeantes des magasins, tel massif de fleurs, caché dans le béton). Pour le goût c’est plus difficile. Quant à l’odorat, ce milieu urbain n’offre plus le souvent que des odeurs plutôt désagréables … jusqu’à ce que je parvienne devant la boulangerie située juste en face de mon bureau.
Et là, quelle agréable surprise ! Je reçois des effluves d’odeur de café chaud, et de viennoiseries. Je fais une pause, minuscule, et observe avec curiosité ce qui se passe dans la boutique : des ouvriers, en tenue de travail, prennent leur café avec leurs collègues. Les compagnons (comme on a l’habitude de les appeler, si joliment, dans le BTP) ont l’air heureux. Ils échangent des nouvelles de leur famille, de leur équipe de travail, évoquent le chantier en cours. D’autres personnes sont aussi attablées. Il y a des habitués, des clients de passage.
Ce bref instant contemplatif me réjouit beaucoup. Je ne connais pas ces personnes ; malgré cela j’ai réellement envie de les rejoindre. J’imagine alors un moment de rencontre, gratuit : autour d’un café savoureux, à la fois différent(e) et relié(e) aux autres, chacun(e) prendrait des forces pour la journée qui s’annonce.
Quelle bonne odeur de rencontre vous attend donc aujourd’hui ?
(1) Méditer, jour après jour. 25 leçons pour vivre en pleine conscience. Christophe André, L’iconoclaste, 2011